Auteur Maximiliano Duran

Nature des complications inutiles

Ecrit d’une façon, mais on prononce d’une autre :

Dans le cas de l’anglais, il est fréquent d’écrire d’une façon alors que l’on prononce d’une autre.

Par exemple, en anglais, mother (mère) sera prononcé moder ou encore mozer; to read  (lire) sera prononcé  tou rid.

Peut-être influencés par ce genre d’exemples, de prétendus spécialistes de l’enseignement du quechua semblent vouloir pérenniser ce type de complications inutiles, alors qu’il s’agit simplement de trouver l’écriture la plus appropriée au mot quechua.

Ainsi, M. Demetrio Tupac Yupanqui, dans son ouvrage intitulé «Quechua» (6) nous dit-il, en parlant du mot garçon : «est écrit macqta et il est prononcé majta».

Mais pourquoi alors ne pas écrire«majta» directement? Il écrit aussi huq(un, en quechua) et signale que l'on prononce juk. Alors pourquoi ne pas écrire juk ? Il persiste enfin lorsqu’il écrit des mots comme maymantatah (de, d’où) avec l'espoir vain que ses lecteurs prononceront maymantataj. Quel cheminement d'esprit l'a conduit à imaginer l'écriture de ce mot, alors qu'il eut été préférable d'écrire tout simplement maymantataj. Ainsi, pour quelqu’un sachant lire le castillan, la lecture aurait ainsi été à près de 99% de la prononciation quechua.

Peut-être que cette manière de voir les choses provient de l’influence de l’anglais ou des langues européennes, ou du pouvoir de leur force colonisatrice par trop excessive...

Ecrit telle lettre, mais on ne la prononce pas

En français, il est assez fréquent d’écrire des lettres qui ne se prononcent pas: ainsi avis se lit avy, et l'on ne prononce pas le «» à la fin; haut se prononce o, et l'on ne prononce ni le h ni le t; bas et bat s'écrivent différemment mais se prononcent de la même façon: ba; plus difficile: on ne prononce pas le «» qui indique le pluriel, etc...

Doit-on obligatoirement maîtriser la phonologie pour parler quechua ?

D’après certains textes d’enseignement du quechua, il apparaîtrait impératif d’assimiler préalablement parfaitement la phonétique internationale, composée de symboles et de consonnes parfois totalement étrangères à l’expérience quotidienne du quechua, afin d’acquérir une prononciation correcte.

Je trouve qu’il s’agit là d’un obstacle supplémentaire à l’enseignement du quechua et à la diffusion de cette langue. Pour parler clair, ce détour n’est qu’une difficulté artificielle supplémentaire.

Ainsi, inclure cette condition peut générer une crainte légitime chez ceux qui souhaitent apprendre le quechua dans le simple but de communiquer, et non pas pour l’étudier d’une façon technique ou savante.

Certains auteurs et dictionnaires utilisent des «» ou symboles   qui n’ont pas de prononciation tangible ni en castillan ni autre langue sudaméricaine tels que «’», «», «», «’» , «», «’», etc. pour écrire des mots Quechua. Exemple  ils écrivent chhaski au lieu de chaski (messager), ch’aki au lieu de chaki (sec), q’ari au lieu de jari (homme); t’anta au lieu de tanta (pain), etc...

Des dénominations telle que:«de consonnes occlusives simples, labiales, alvéolaire t, vélaire k, post vélaire q, occlusives fricatives, ch palatal, occlusives glottalisées, r alvéolaire fricatif rétroflexe» etc. ne sont là que pour rendre complexes des choses simples, et ces soi-disant explications peuvent effrayer quelqu’un lors de l’apprentissage du Quechua.

Prenons, par exemple, les explications de M. Soto (7) dans l’introduction de son manuel, p 28: «l’inventaire phonétique présenté ci-après (dont les symboles sont identiques à ceux de l’alphabet officiel quechua), les signes répertoriés représentent des sons phonétiques ou orthographiques inutilisés par les hispanophones».

Il est naturel de lui poser la question: A-t-il souhaité imposer cet exercice, cette torture mentale, afin de créer un barrage à l’apprentissage de cette langue? S’il est conscient que les hispanophones ignorent ces symboles, pourquoi les utiliser dans son manuel d’enseignement ? Pour les condamner à ne pas pouvoir apprendre le quechua ?

Dans la mesure où ces mêmes consonnes existent également en anglais, en français, en castillan ainsi que dans d’autres langues, pourquoi la phonétique internationale n’est-elle pas préalable à leur enseignement? Pourquoi cherche-t-on à imposer un obstacle inutile à l’enseignement du quechua ?